L’analyse du cycle de vie : historique et environnement normatif actuel

Sommaire
Introduction : A l’origine : l’émergence du concept de développement durable
1 L’analyse du cycle de vie
 1.1 Elaboration d’une méthode d’analyse globale
 1.2 L’analyse du cycle de vie et son environnement normatif
2 Les étapes de l’analyse du cycle de vie
 2.1 Objectif et champ d’étude
ISO 14040 : (1997, Octobre 2006 pour la version française) Management environnemental – Analyse du cycle de vie – Principes et cadre et ISO 14044 (Management environnemental – Analyse du cycle de vie – Exigences et lignes directrices)
 2.2 L’analyse de l’inventaire du cycle de vie
 2.3 Evaluation des impacts du cycle de vie
 2.4 Interprétation des résultats
Pour continuer : ACV et matériau, la qualité environnementale à tous les étages : du matériau au bâtiment (les normes NF P 01-10 et NF P 01-020-1)

 

Introduction
Issue d’un besoin d’analyse globale des impacts sur l’environnement des processus de production, d’usage et d’élimination des produits et des services, l’analyse du cycle de vie est une méthodologie aussi complète que possible de compilation et d’évaluation des flux entrants et sortants à chaque étape de la vie de l’objet considéré.
Cette analyse permet de mesurer l’impact environnemental global de la filière dont est issu l’objet de l’étude (sa fonction étant intégrée, elle aussi à la démarche d’analyse).
La vision globale des impacts environnementaux que fournit l’analyse du cycle de vie permet de repérer les impacts dominants, mais également les éventuels déplacements de pollution. L’ACV permet en outre la mise en perspective des différents types d’impacts repérés et de comparer des produits ou des services en termes de coûts environnementaux.
L’analyse du cycle de vie est donc un outil important d’aide à la décision stratégique. Ses résultats peuvent toujours être discutés en fonction des objectifs qui ont été assignés à la démarche et des méthodologies mises en œuvre.
La normalisation des procédures d’analyse permet justement une lecture critique des méthodes et des objectifs, lecture qui maintient ouvert l’ensemble de l’analyse.

A l’origine : l’émergence du concept de développement durable
Le principe du développement durable implique la mise en œuvre de politiques économiques, sociales et environnementales qui, coordonnées et intégrées, visent à satisfaire les besoins des populations d’aujourd’hui sans compromettre ceux des populations futures.
Ce concept est devenu d’emploi courant depuis une dizaine d’années. Il tâche de faire coopérer deux exigences qui, jusqu’ici, avaient pu être contradictoires : la nécessité du développement, notamment pour réduire les fractures sociales et la nécessité de sauvegarder l’environnement.
Le terme Sustainable development date de 1980. Il a été repris et répandu par le rapport « Notre avenir à tous » (Rapport Brundtland) en 1987. Il a été traduit par développement durable en Français. Le Conseil National de Développement Durable a été crée en France en 2003.

 

1 L’analyse du cycle de vie

 

1.1 Elaboration d’une méthode d’analyse globale

L’analyse du cycle de vie est issue de l’exigence de développement durable. Elle fournit une méthode qui permet de quantifier les impacts sur l’environnement d’un produit, d’un service ou d’un procédé. L’analyse du cycle de vie ne s’attache pas qu’au produit. Elle étudie également la fonction du produit et permet donc la comparaison des produits entre eux pour une fonction donnée.
L’ACV s’inscrit dans la perspective de réduire la pression d’un produit sur l’environnement tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières jusqu’à son élimination en fin de vie. L’information globale qu’elle fournit est un outil d’aide à la décision en matière de choix industriels (conception, amélioration…) et de politiques publiques.
Jusque dans les années 90, la prise en compte de la pression sur l’environnement n’avait pas encore réuni les outils d’une réflexion systémique si bien que n’émergeait pas une vision claire de l’ensemble des progrès à réaliser en la matière. On ne percevait pas non plus à quel point l’économie de ressources et d’énergie affectées à un produit pouvait dans une conception globale, en augmenter la valeur.

 

1.2 L’analyse du cycle de vie et son environnement normatif

C’est à partir des années 90 que se met en place une approche multicritères qui prend en compte l’ensemble du cycle de vie d’un produit et qui inventorie à chaque étape son bilan environnemental. Cette période voit l’apparition progressive des outils normatifs qui permettent la conduite de telles études, avec, en 1997, la parution de la norme NF EN ISO 14040. Cette norme, dont la version française (X30-300) d’octobre 2006, est associée à la norme ISO 14044 (X30-304, oct. 2006), regroupe les anciennes normes NF EN ISO 14041, ISO 14042 et ISO 14043. Elle spécifie :

les principes et le cadre applicables à la réalisation d’analyses du cycle de vie (ACV) comprenant la définition des objectifs et du champ de l’étude ACV
la phase d’inventaire du cycle de vie (ICV)
la phase d’évaluation de l’impact du cycle de vie (ACVI)
la phase d’interprétation du cycle de vie
la communication et la revue critique de l’ACV
les limitations de l’ACV
la relation entre les phases de l’ACV
les conditions d’utilisation des choix de valeurs et des éléments facultatifs

 

2 Les étapes de l’analyse du cycle de vie

 

2.1 Objectif et champ d’étude

NF EN ISO 14040 : (1997, Octobre 2006 pour la version française) Management environnemental – Analyse du cycle de vie – Principes et cadre
NF EN ISO 14044 : (Octobre 2006) Management environnemental – Analyse du cycle de vie – Exigences et lignes directrices

Cette étape consiste à définir pour qui et pour quoi l’étude est réalisée : connaissance de l’impact d’un produit, choix entre produits dont la fonction est équivalente… Dans cette phase de définition, on précise également la fonction du produit étudié et l’unité fonctionnelle à laquelle il sera fait référence au cours de l’étude. Sont ensuite énoncés les paramètres clés du produit tels que durée de vie, efficacité, etc.
Enfin sont précisées les frontières du système : chaque étape du processus de la vie ou de l’utilisation du produit fournissant un intrant devrait être pris en compte. Un processus élémentaire dont la contribution est infime peut être soustrait de l’étude selon des critères d’exclusion à définir.
Les étapes à considérer sont généralement :

l’acquisition des matières premières et les sources d’énergie
le transport
les différentes étapes de production
l’utilisation du produit
la gestion de sa fin de vie

Le système considéré inclut les infrastructures nécessaires à chacune de ces étapes.

 

2.2 L’analyse de l’inventaire du cycle de vie

Cette étape consiste à inventorier l’ensemble des flux à l’intérieur et à l’extérieur du système considéré.

Les flux identifiés sont de deux types :

les flux économiques qui sont les flux de matière, d’énergie, de services échangés entre les processus élémentaires et avec des systèmes extérieurs
les flux élémentaires qui sont des flux échangés avec l’environnement (matières premières, déchets, émissions)

 

L’inventaire et son analyse se font en 4 étapes :

quantification des flux économiques et élémentaires associés à chaque processus, pour chaque étape du système
mise à l’échelle des flux identifiés en fonction du flux de référence défini par la quantité étudiée du produit final. Ceci consiste à prendre le flux de référence, lui-même défini par le choix de l’unité fonctionnelle à étudier
quantification des extractions et émissions pour chaque processus élémentaire
agrégation des flux élémentaires : toutes les données inventoriées pour un impact sont agrégées pour calculer l’impact à l’étape suivante et préparer le calcul de l’inventaire global

2.3 Evaluation des impacts du cycle de vie

L’évaluation des impacts du cycle de vie est l’étape de transformation de l’inventaire de flux en une série d’impacts clairement identifiables.

La norme NF EN ISO 14040 précise que cette étape permet de :

identifier et de classer les opportunités d’amélioration d’un système de produit
mettre à l’échelle des flux identifiés en fonction du flux de référence
caractériser la performance environnementale d’un système de produit
comparer plusieurs systèmes de produits ayant la même fonction
indiquer les points environnementaux nécessitant une action

L’évaluation des impacts du cycle de vie prend comme données les flux entrants et sortant identifiés pendant la phase d’inventaire, agrégés sur l’ensemble du système du produit, à chacune des étapes de vie.
Tous les éléments participants à un impact sont convertis en une mesure commune permettant de ressortir un indicateur numérique.

Les flux agrégés et convertis sont donc classés dans des catégories d’impacts pour ensuite donner des indicateurs par catégorie.
Plusieurs catégories existent. La norme NF EN ISO 14040 précise que les critères choisis doivent permettre d’éviter que les catégories soient redondantes de telle sorte qu’un double comptage soit exclu, qu’elles ne masquent pas d’impacts importants, qu’elles soient complètes et qu’elles permettent la traçabilité.

 

2.4 Interprétation des résultats

Cette phase de l’étude permet l’identification des points forts et des points faibles du cas étudié.
Elle permet la formulation d’une réponse au regard des objectifs définis lors de la première phase.

Cet étape met en œuvre des outils de vérification de l’étude afin de s’assurer de sa complétude, de sa cohérence et de la stabilité de ses résultats (étude des sources d’incertitudes, contrôle de complétude, contrôle de sensibilité, contrôle de cohérence, évaluation de la qualité des données).

Elle est l’occasion également de définir les limites de l’étude.

 

La suite : ACV et matériau, la qualité environnementale à tous les étages: du matériau au bâtiment (les normes NF P 01-10 et NF P 01-020-1)