A la plage, en général, on ne veut pas d’autre histoire que celle du grand roman de l’été qu’on lit à l’ombre de son parasol… La plage pourtant, évolue constamment et a donc, elle aussi, une histoire.

Sa définition géologique la décrit d’ailleurs commun un système dynamique : « Zone d’une côte comprise entre les niveaux de la haute et de la basse mer et formée de sable ou de galets mais non de vase. On y distingue diverses parties :

– Du côté de la mer, la partie la plus basse se nomme le bas de plage qui se prolonge en mer par l’avant plage, constamment immergée.

– Du côté de la terre, le haut de la plage ou cordon littoral, construction sableuse allongée parallèlement au rivage et culminant à la crête de la plage. Il peut être décollé de la côte et donner une flèche littorale, qui, si elle se développe jusqu’à barrer complètement une baie, isole une lagune. »  A. Foucault, J. F. Raoult : Dictionnaire de géologie, Masson,1980.

Une histoire houleuse
Le sable de la plage y a été apporté par la mer qui, pendant vos vacances, mais aussi toute l’année, de jour comme de nuit, travaille à la modification du trait de côte. Le sable chaud où nos orteils sont enfouis est le fruit du transport sédimentaire effectué par la mer elle-même grâce l’action de la houle et du courant.
Ces sédiments sont apportés à la mer par les fleuves ou par l’érosion de la côte par la mer. Ils y sont stockés et constamment mobilisés.
La houle est l’agent principal du transport des sédiments : elle mobilise les sédiments du fond et les amène vers le haut de plage dans le sens de sa propagation. Après le déferlement des vagues, l’eau redescend selon la ligne de la plus grande pente.

Cette composante des deux mouvements d’eau (oblique et perpendiculaire) est à l’origine d’un courant le long de la plage : le courant littoral. Les sédiments sont donc transportés parallèlement au rivage. Ce mode de transport des sédiments est le plus efficace quand la houle ne déferle pas avant la plage. Si la cambrure des vagues les fait déferler avant la plage, leur courant de retour, ramenant les sédiments, va constituer une barre  sur laquelle les déferlements vont remobiliser les sédiments qui seront  charriés par le courant du canal.

Volumes des matériaux
Les transferts sédimentaux sur les plages représentent un volume de matériau considérable. En Camargue, où se trouvent quelques-unes des plages préférées des collaborateurs du LERM, sur une période de 50 années, l’apport sableux est compris entre 23 000 et 195 000 m³ à l’est de l’embouchure du grand Rhône et entre 150 000 et 420000 m³ à l’ouest  de son embouchure  (Serge Suanez, Carole Ruzzi : Aménagements de défense littorale et dynamique côtière : exemple de la partie orientale du delta du Rhône (France méridionale) in  Les Documents de la MRSH, n? 10, décembre 1999, p. 101-112). Cette alimentation, dont la houle et le courant littoral sont les principaux vecteurs, n’est pas régulière, puisqu’elle est soumise au régime variable des vents.

Le vent prend le relais
Une fois que le sable est sur la plage, son transport est assuré par le vent. Si la plage est suffisamment large, le vent transportera suffisamment de sable pour alimenter une dune. Dans les secteurs où la plage rétrécit, l’alimentation de la dune par transport éolien s’appauvrit. En cas de tempête, si la mer envahit la plage et humidifie le sable, la migration du sable s’arrête complètement.