La pierre de substitution : le point de vue du carrier

Entretien avec Paul Mariotta, Directeur des Carrières de Provence

 

LERM
Monsieur Mariotta, pouvez-vous nous présenter votre carrière ?

Paul Mariotta
news_letter15_carriere2Notre groupe a acheté en 1968 une exploitation de carrières de pierres de taille active sur quatre sites, dont l’un est à l’arrêt, celui d’où l’on extrayait la pierre de Saint-Restitut du côté de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Sur le site du Pont du Gard, nous exploitons deux veines. L’une fournit la pierre de Castillon (calcaire compact à grain moyen) et l’autre,  la pierre de Vers Pont du Gard, qui est un calcaire compact à gros grain. Ces pierres sont destinées au marché des cheminées (aujourd’hui en déclin), au revêtement de façades, à la décoration de l’habitat, mais aussi à la construction massive. Récemment des collèges et des chaix ont été réalisés avec cette pierre.
Sur le site des Estaillades, à Oppède (84), nous extrayons une pierre calcaire compacte à grain fin destinée à la décoration, à l’aménagement des jardins, à la cheminée.
Sur le site de Fontvieille, enfin, nous extrayons une pierre calcaire compacte à grains moyens et fins destinée essentiellement à la construction et à la rénovation locale. D’abord exploitée souterrainement cette carrière est maintenant exploitée à ciel ouvert.

LERM
Depuis quand ces carrières sont-elles en activité ?

Paul Mariotta
Tous ces sites sont exploités depuis la période romaine. Ils le sont industriellement depuis la seconde guerre mondiale.

LERM
Depuis quand travaillez vous à l’extraction pour la restauration ?

Paul Mariotta
Nous travaillons à la restauration depuis longtemps sans doute, mais sans le savoir. En fait, les entreprises de restauration s’approvisionnent chez nous, mais nous ne connaissons pas forcément la destination de nos pierres. Nous savons, par exemple, que la pierre d’Estaillade a servi à la restauration du Palais Longchamp à Marseille.

LERM
Quand avez-vous été spécifiquement sollicité pour un chantier de restauration ?

Paul Mariotta
Pour la restauration des arènes d’Arles…Alain Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques et Annie Blanc, géologue au Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques, sont venus visiter la carrière de Fontvieille après l’étude des pierres en œuvre de l’amphithéâtre.

LERM
Il s’agit de la carrière d’origine des pierres des arènes ?

Paul Mariotta
Une partie en vient certainement… Pas la totalité : il y a dans le secteur quantité d’autres carrières qui ont alimenté le chantier de construction romain, carrières qui n’existent plus aujourd’hui, mais qu’on repère facilement dans le paysage.
La carrière a donc été visitée, la quantité et les volumes de pierre ont été estimés, des échantillons ont été prélevés et analysés par le LERM, d’ailleurs. C’est la pierre de Fontvieille à faciès dur qui a été sélectionnée.

LERM
Y-a-t-il des contraintes particulières à ce type d’extraction ?

Paul Mariotta
news_letter15_carriere1Oui, la fourniture du chantier de restauration implique quelques contraintes. Elles sont de deux sortes. La première tient au fait que le faciès dur retenu ne représente que 15% de la masse de la veine ; il est donc relativement rare. Pour l’obtenir, nous extrayons donc bien plus de pierre de faciès tendre que nous n’en avons réellement besoin et nous devons donc stocker ce produit tendre.
La deuxième contrainte est liée au processus de contrôle et de traçabilité des blocs durs extraits pour le chantier de restauration. Le LERM contrôle la dureté superficielle des blocs destinés au chantier et les ausculte par réflectométrie radar, pour localiser les éventuelles anomalies internes.
Cette dernière contrainte a cependant un aspect positif : cette technique de contrôle est nouvelle pour nous et nous fait progresser dans le domaine du contrôle qualité.

On peut faire plus ample connaissance avec Les Carrières de Provence sur leur site…

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