Etude d’identification de la pierre du Château de Marsillargues et définition de son origine

Objet de l’étude


A la demande du Cabinet LARPIN, Architecte en Chef des Monuments Historiques, et pour le compte de la Conservation Régionale des Monuments Historiques, le LERM a réalisé, en février 2002, une série d’investigations sur site et en laboratoire, dont l’objectif était le diagnostic de l’altération de la pierre constitutive des décors sculptés de la façade Nord des communs du Château de Marsillargues (34). En seconde phase de l’étude, le LERM s’est attaché à la recherche de la pierre originelle constitutive de la façade et de ses décors. C’est de seconde étude que nous allons vous proposer la synthèse.

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Essais réalisés

Examen visuel
L’auscultation de la pierre commence par l’examen visuel détaillé de la façade, préludant à un inventaire des matériaux en présence. Cet examen a permis de repérer trois types de pierres calcaires présentes sur la façade :

Une pierre calcaire blanche, relativement microporeuse, utilisée pour toutes les sculptures, les colonnes, les denticules, les encadrements de baies ;
Une pierre calcaire beige à ocre, très coquillière, apparemment très argileuse, constituant tout le soubassement, et, d’une manière générale, l’essentiel des parties non sculptées, à l’exception de l’architrave ;
Une troisième pierre calcaire, très coquillière mais d’apparence moins argileuse que la précédente et d’aspect plus microporeuse est employée ponctuellement en remplacement des deux premières, notamment en partie haute, sur les sculptures ou sur le bandeau supérieur.
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Exemple de remplacement de la pierre des sculptures
1 : pierre d’origine ; 2 : pierre de remplacement

Des prélèvements de pierres ont ensuite été effectués pour permettre des analyses en laboratoire, portant notamment sur le contrôle des caractéristiques physiques des pierres en vue de leur remplacement.

Mesure de la vitesse de propagation du son
La mesure de la vitesse de propagation du son a été effectuée selon le principe de la norme NF B 10-505, dans la longueur de l’éprouvette et dans son diamètre, selon deux directions orthogonales.

Mesure de la densité apparente et de la porosité accessible à l’eau
La porosité accessible à l’eau et la masse volumique apparente des échantillons référencés ont été mesurées par imbibition sous vide et pesée hydrostatique selon le principe de la norme NF B10-503.

La mesure de la dureté superficielle
Cette mesure est effectuée à l’aide du scléromètre de Marteens.

Identification et localisation des carrières d’origine

Les carrières d’origine ont été identifiées au moyen de cartes géologiques et topographiques. Un géologue de l’Université de Montpellier, Monsieur Vignard, a mis sa grande connaissance des lieux à notre service pour cette phase de reconnaissance des carrières. Les pierres de carrières ont été identifiées visuellement, les bioclastes qu’elles contiennent étant suffisamment caractéristiques.
Les reconnaissances géologiques menées sur le terrain ont permis de localiser précisément les faciès d’extraction d’origine.

Conclusions de l’étude

L’ensemble de ces investigations ont permis de conclure sur l’origine des pierres de la façade du château :

La pierre constitutive des décors sculptés, qui est à faciès blanc, apparaît semblable à la pierre dite de Saint Geniès, exploitée sur la commune de Saint-Geniès-des-Mourgues (34), située à une quinzaine de kilomètres au Nord Ouest de Marsillargues. Les carrières anciennes sont situées à proximité de la RN 110, au lieu dit « Le Marabel »

La pierre des parements, brune, est très présente dans de nombreuses constructions du village de Marsillargues, ainsi que de Gallargues-le-Montueux.
Le seul front de taille retrouvé, présentant une pierre d’aspect visuel identique, est situé sur la commune de Mus, à une quinzaine de kilomètres au Nord Est de Marsillargues, entre l’autoroute A9 et la route départementale RD 742, au lieu dit « Le Terras ». Ce front de taille, aujourd’hui entouré de vignes, est très vraisemblablement une étroite partie visible d’une ancienne carrière, aujourd’hui remblayée.