Portrait de Manon Becchis, chimiste au lerm

Manon, tu es sans doute la benjamine du lerm, comment es-tu venue à la chimie ?

Je suis venue à la chimie en ne faisant pas de cuisine !…

Voilà qui met en appétit ! Tu peux assaisonner un peu  cette réponse ?

Oui ! Je suis quelqu’un de plutôt pratique, qui aime les activités manuelles et les manipulations. J’avais un goût prononcé pour la cuisine et souhaitais donc faire des études en ce sens. Mais, comme j’étais bonne élève au collège, on m’a fait comprendre qu’une filière longue était plutôt obligatoire pour moi. Alors adieu la cuisine… et je suis entrée au lycée.
Là, les choses n’ont pas d’abord été très faciles, car je ne voyais pas trop où menaient tous ces programmes. Mais, en première, dans l’option Sciences et Vie de la Terre, je découvre (enfin !) la chimie, surtout par les travaux pratiques. Cela me parle au point qu’en terminale je choisirai une option physique-chimie, qui, ensuite me conduira à un DUT de chimie que j’obtiendrai à Grenoble.

 Et la cuisine ?

Cela reste un plaisir… d’autant plus qu’on mange tous les jours. Je ne vais pas tarder à déménager : cela signifie que je vais avoir un four et que les choses sérieuses vont pouvoir commencer !

D’où te vient ce goût pour cette activité ?

Du plaisir qu’on prend, comme en chimie, à manipuler la matière. Cela m’est venu en observant et en imitant mes parents : je viens d’une famille où l’on cuisine et loin d’être une corvée, c’est pour moi un plaisir de réunir les gens autour d’un repas préparé.

 Comment  découvres-tu le lerm ?

Découvrir est le bon terme, car habitant Arles, j’ignorais que se logeait en plein centre ville un laboratoire comme celui-ci. C’est un ami qui m’indique que je peux y faire mon stage de trois mois pour le DUT. J’envoie donc une demande… et ma candidature est retenue…

 Du coup, tu plonges dans les liants hydrauliques…

Impossible de faire autrement au lerm ! A l’IUT, j’avais suivi une option matériau plutôt axée sur les alliages métalliques. Ce domaine était donc nouveau pour moi et j’ai pu bénéficier de la formation et des conseils de Claude N’Gwé Moweni  dont tu as déjà fait le portrait. Je découvre cet univers par la pratique, par la paillasse : c’est une démarche qui me convient mieux que la seule théorie.
C’est avec Claude également que j’ai appris à m’organiser dans le temps pour être plus productive.

 As-tu la possibilité de suivre les résultats que tu fournis au sein de l’étude, pour en saisir tout l’enjeu ?

Oui, c’est une possibilité, surtout si le ou la chargé(e) d’étude nous explique son besoin et sa problématique  particulière. Mais nous effectuons aussi souvent des opérations de routine qui ne nous laissent pas le temps d’explorer les études qui les commandent.

Après ce stage, tu entres donc au lerm…

Ah, non… pas tout de suite !… Tu sautes trop vite la case angoisse de la recherche de travail…

 Cela a été si dur que cela ?

Pour moi, oui… Cela dure sept mois : tu n’as pas de moyens personnels ; tu dois habiter chez tes parents ; tu écris des centaines de lettres qui restent sans réponse ; tu finis par douter de tout et de toi-même… Et puis, le croiras-tu, je trouve deux boulots le même jour !
L’un dans un laboratoire à Aix-en-Provence et l’autre dans une mission d’interim de quelques mois pour laquelle je m’étais déjà engagée et que je prends donc. C’est à Lyondell Basell à Fos-sur-Mer, où nous travaillons surtout sur le contrôle des polymères.

A l’issue de cette mission, je propose mes services au lerm… qui, justement, a besoin d’une chimiste.

 Si bien que tu travailles à Arles où tu habites…

Oui et où, même, je suis née. Je trouve qu’il s’agit d’une vraie chance car je suis très attachée à cette ville : à sa beauté, à son patrimoine, à sa situation géographique, aux amis que j’y ai.

 Pas une envie d’ailleurs ?

Arles est ailleurs, puisque le lerm y est venu !… et pour l’autre ailleurs dont tu parles, il y a les voyages : voyages en Europe et bientôt plus loin. C’est en projet.

 Comment vois-tu l’évolution de ton poste au lerm ?

Je suis encore toute jeune ici et la chimie de paillasse, je te l’ai dit, me convient bien. Mais je commence à m’intéresser à la métrologie et au contrôle des appareils et je suis preneuse de formation interne qui me permettrait d’appréhender d’autres aspects de la vie du laboratoire.