Commentaire sur la terre comprimée

Bonjour Monsieur Souchu,                                                                                        La réponse du lerm

Je travaille sur la valorisation de la balle et de la paille de riz de Camargue. Mon domaine de prédilection est la valorisation dans l’écoconstruction, et plus spécialement en isolation, au travers du travail que je mène avec mon association (Bâtir en Balles)

Je travaille aussi sur et avec la terre crue et j’ai réagi à la lecture de votre mail concernant la « terre comprimée ». C’est pour cette raison que je me permets de vous écrire. Quand on comprime de la terre crue, on le fait avec un taux d’humidité très bas et il n’y a pas de retrait. Si c’est des briques compressées qu’on fabrique, on pourrait même les poser directement sur le mur.

Si vous utilisez une pâte humide, c’est que vous faites des adobes (briques de terre crue moulées), du torchis ou de la bauge, ou encore des enduits. Là oui, il peut y avoir pas mal de retrait au séchage et c’est pour çà qu’on y ajoute du sable ou des fibres végétales pour contrer le retrait et la fissuration.

Normalement donc, pour la terre comprimée, pas de fibres. Les fibres présentent de l’élasticité et quand on relâche la pression, elles font fissurer les briques. Un exemple en PJ une photo de BTC avec des copeaux de bois, prise  pendant une formation, juste après la relâche de la pression.

Photo Pierre Delot

Un bémol peut-être avec la paille de riz broyée ou la filasse de chanvre.  La paille de riz s’effiloche quand on la broie et est donc moins élastique qu’une paille classique. Si vous mélangez bien la paille de riz broyée (à petite doses) et la terre et qu’il n’y a pas de boulettes de paille, ça pourrait fonctionner.

Attention cependant à la compatibilité entre le végétal et les liants. La paille de riz et la filasse de chanvre diffusent des sucres dans le béton. Avec le ciment, je ne sais pas, mais avec la chaux, les résultats ne sont pas bons (A part peut-être avec le prompt, qui fait sa prise avant que les sucres n’aient le temps de se diffuser). C’est pour cette raison que la chènevotte utilisée pour les bétons doit être exempte de filasse. Il y a un gros travail de recherche à faire sur ces sujets, et comme vous êtes à Arles, il y a pas mal de choses à étudier sur les bétons allégés avec la balle de riz et/ou la paille de riz (terre-balle et terre-paille).

Voilà, je souhaitais vous faire part de mes remarques qui proviennent de mon expérience personnelle. J’espère qu’elles vous permettront d’avancer plus rapidement vers des solutions applicables sur les chantiers.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions.

Cordialement,
Pierre
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Pierre DELOT
127 bld Elzear Pin
84400 APT
06 25 05 81 04

www.lechampdesartisans.fr

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Association « Bâtir en Balles » www.ballederiz.fr www.batirenballes.fr

 

 

 

La réponse du lerm

Bonjour Monsieur Delot,
Merci pour vos remarques intéressantes qui révèlent une lecture attentive de notre dernière lettre d’information.

Nous prenons bonne note des informations que vous nous fournissez sur la terre comprimée en soulignant que précisément nous nous sommes intéressés à la bauge et au torchis (assemblés à pâte humide à des fibres végétales donc), même s’il est exact que, dans notre éditorial, nous employons par abus de langage pour désigner ces techniques traditionnelles (abus fautif donc, certainement) le terme de terre comprimée, dont vous relevez dans votre message la nature et la technique spécifiques.

En vous remerciant encore pour cette communication de votre expérience et ces précisions sur la terre comprimée, je vous assure de mes sentiments les plus cordiaux,

Philippe Souchu