Anne-Laure, tu as rejoint le LERM il y a un peu plus d’un an en tant qu’ingénieure d’essais… Quelle a été ta formation ?
Mon parcours est un parcours universitaire en géologie, que j’ai conclu par un master 2 pro géophysique à l’Université de Grenoble.
D’où te vient ton intérêt pour la géophysique ?
Anne-Laure : L’application des principes de la physique à la connaissance des structures internes du globe, des roches, des sols a quelques chose de scientifique et…de merveilleux à la fois. C’est sans doute le fait de révéler ce qui est caché qui est motivant dans cette discipline, qui réussit à allier connaissance et imagination, mesure et intuition.
La géophysique est une discipline très vaste, je me suis orientée vers la géophysique appliquée, plutôt que vers la géophysique théorique, par goût des questions concrètes et pratiques, par goût du service aussi…
Quelle est ta spécialité au LERM ?
Je suis spécialisée en essais non destructifs, c’est-à-dire que lors des interventions sur site, j’effectue principalement des mesures radar, des mesures de potentiels d’électrodes, etc. Les données recueillies me permettent de faire, par exemple, des statistiques d’enrobage des ferraillages, des mesures d’activité de corrosion… Les premiers résultats des mesures non destructives, liées aux observations visuelles et aux indications des gestionnaires des ouvrages me permettent de définir une stratégie d’investigation pour les prélèvements d’échantillons à envoyer au labo pour des essais mécaniques ou chimiques complémentaires.
Je travaille donc en équipe avec les techniciens d’essais sur site et les techniciens de laboratoire, ainsi d’ailleurs qu’avec les autres ingénieurs pour la formulation des diagnostics ou des préconisations.
Ton activité au LERM te permet-elle de satisfaire ton goût pour le terrain ?
Tu as raison d’aborder cette question. Le terrain, en effet, est un goût et un stimulant pour les géographes, les géologues, les géophysiciens… Le terrain, c’est à la fois un lieu, mais aussi une problématique auxquels il faut s’adapter, des personnes à rencontrer et à comprendre.
Le terrain, c’est aussi le plein air, l’effort physique, la mission qu’il faut remplir dans les temps et donc les longues journées qui… passent très vite ! Je suis toujours curieuse du terrain car il nous réserve toujours des surprises, par la diversité des lieux géographiques, des sites et des missions à y effectuer. On peut passer de la tour, aux ponts, à la station d’épuration en passant par la nacelle ou l’échafaudage.
Le terrain, c’est aussi la rencontre avec les hommes… dans le BTP, c’est le cas de le dire ! Dans ce milieu on est encore assez souvent surpris de voir arriver une femme pour conduire une étude. Mais cela n’a jamais été un obstacle pour moi, bien au contraire.
C’est sur le terrain que je rencontre nos clients, que j’écoute leur demande et que je dois présenter les méthodes que nous allons mettre en œuvre pour y répondre. Je dois à la fois faire la pédagogie des méthodes géophysiques, qui peuvent être inconnues de mes interlocuteurs et qui soulèvent parfois du scepticisme… et je dois également en expliquer les limites. L’alternance entre investigations sur site, travail au laboratoire et temps de rédaction des rapports au bureau, tout cela au sein d’une équipe, est un aspect très enrichissant de mon poste.
Quelle étude mènes-tu en ce moment ?
Actuellement je mène le diagnostic des altérations des éléments (poutres et poteaux) en béton armé d’un grand ouvrage portuaire. Le relevé des désordres, associé aux résultats des différents essais sur site et en laboratoire (chlorure, carbonatation…), permettra d’avoir une vue synthétique de l’état de l’ensemble de l’ouvrage.
Pour ce qui te concerne, le passage de la géologie au béton s’est-il bien passé ?
Parfaitement… de la géologie au béton, il n’y a qu’un pas. Au LERM, on apprend à aimer le béton et l’ensemble de la problématique de cette roche artificielle est très intéressante.
Mais il n’y a pas que le béton… et la palette d’activités du LERM est telle que j’espère bien pouvoir pratiquer sur des problématiques de monuments historiques, qui sont la perspective d’autres terrains et d’autres milieux qui m’attendent !