Murielle, tu peux nous raconter un peu ta trajectoire au Lerm ?
Murielle Berthelot : « Volontiers… Mais il faut faire un effort d’imagination ! Le Lerm, à mes débuts, était alors une équipe d’une douzaine de personnes. Nous étions dans la région parisienne. Il fallait faire la queue pour se servir d’un ordinateur et, pour illustrer les rapports d’études, il fallait faire développer les photos, les découper, les coller à la main…
Il y a des moyens de dater cette préhistoire ?
Je suis entrée au Lerm en juillet 1995 (si personne n’était au courant, maintenant c’est dit !), comme secrétaire polyvalente ; je touchais à tout sauf à la comptabilité : accueil, téléphone, courriers, rapports d’études, devis, factures, commandes… Dans un petit effectif, tu découvres vite toutes les facettes de la réalité de l’entreprise. Je précise que j’étais alors à temps partiel, en contrat de qualification, ce qui signifie que j’étudiais et travaillais en alternance.
C’était donc ton premier poste ?
A l’exception de quelques petits boulots, oui… Si j’arrivais avec une belle motivation, j’avais encore beaucoup à apprendre. Dans l’équipe, nombreuses ont été les personnes qui ont pris tout le temps nécessaire pour me mettre au courant et me rendre réellement opérationnelle.
Je les remercie encore pour leur patience ! C’est donc au Lerm que j’ai validé mes compétences professionnelles, que j’ai découvert le monde de l’entreprise, la réalité d’un labo spécifique comme celui-ci, et que j’ai acquis la méthodologie de travail dont j’avais besoin.
Je te confie une anecdote, lors de mon entretien d’embauche, l’un des directeurs d’alors me demande si j’étais prête à suivre le labo lors d’un éventuel déménagement… Le labo était en effet à l’étroit et dispersé sur plusieurs sites ; une relocalisation s’imposait donc. J’ai dit oui, sans songer un seul instant que ce déménagement allait effectivement avoir lieu.
Et il a eu lieu…?
Il a eu lieu, en effet ! Tu ne peux imaginer ce que c’est qu’une entreprise qui déménage avec son personnel (et les familles), ses archives, son matériel de laboratoire, les travaux en Arles… Le tout sans fermer un jour ! C’était génial. Ce moment a vraiment soudé les gens qui l’ont vécu ensemble. Soudés nous l’étions, non seulement parce que nous vivions le même moment de l’entreprise, mais aussi parce que nous vivions les mêmes réalités quotidiennes : nous arrivions dans une ville inconnue, il fallait se loger, inscrire les enfants à l’école, etc… Nos enfants se sont retrouvés dans la même école, et pour certains, dans la même classe.
C’est en y arrivant que tu découvres Arles ?
Oui, Arles, la vie de province… et le mistral ! Arles était alors une ville où l’on se couchait de bonne heure, ça change de Paris qui vit aussi la nuit. Mais les choses ont un peu changé depuis sur Arles…
L’effectif du Lerm est aujourd’hui de plus de 70 personnes, à Arles, mais réparties dans des agences également. Comment sens-tu cette évolution ?
D’un côté, c’est un motif de satisfaction, car cette croissance est le signe et le moyen du succès du labo. On rencontre de nouvelles personnes, d’autres liens se créent, certains s’éloignent, et d’autres se bonifient, mais c’est normal, ça fait partie des relations humaines. Ceci dit, les valeurs de la période pionnière sont, je le crois, toujours vivantes. C’est d’ailleurs notre responsabilité de leur garder un sens et une efficacité. L’évolution doit maintenir ce qui est bon. La transmission au sein de l’entreprise devient, avec sa croissance, un moment à part entière de notre travail. Si le fait d’être nombreux modifie forcément les modes d’organisation, cela ne change pas la nécessité où nous sommes de coopérer ensemble, de communiquer, de travailler solidairement.
Comment vois-tu ton avenir au Lerm ?
J’ai toujours pu évoluer dans l’entreprise, et rebondir sur des perspectives qui m’intéressent. Cela va continuer. Je continuerai de gérer l’équipe des assistantes, mais la croissance du Lerm me mobilisera sans doute de plus en plus sur des activités d’organisation interne en collaboration plus étroite avec mon responsable de marché, d’orientation du travail, de suivi et de transfert des compétences. Si cela est une nécessité organisationnelle, c’est aussi un souhait personnel : je n’oublie pas tout ce que j’ai appris en débarquant dans ce labo, ni la façon dont je l’ai appris et je suis aujourd’hui en position de renvoyer la balle… ».
Tu sais que la Lettre d’information où se trouvera cet entretien traitera du soufre. Cela t’inspire-t-il une réflexion personnelle ?
(Silence méditatif : NDLR)… Plutôt qu’une réflexion, je te propose un souvenir, celui de terres jaunes- orangées qui contrastent si fort avec ce paysage rocheux et verdoyant recouvert de brumes. Cela, c’est sur la partie de Basse Terre, où se trouve ma chère Soufrière….