Portrait de Thomas Millan, ingénieur matériaux au lerm

Entretien avec Thomas Millan,
Ingénieur matériaux impliqué dans la valorisation des matériaux d’excavation

 

millanThomas, tu as rejoint le lerm il y a trois mois. Pour avoir d’emblée la couleur dominante de ton portrait, qu’est ce qui, selon toi, caractériserait ton parcours jusqu’à ta rencontre avec le laboratoire ?

Je vois qu’on ne commence pas par l’anecdote !… Si je peux répondre à ta question, il me semble que c’est le besoin de maintenir aussi longtemps que possible ouvert un éventail de possibilités, avec pour fil conducteur pourtant, un intérêt permanent pour le concret et la matière. Disons que, à partir de cette vision générale, mon parcours a été orienté progressivement par des centres d’intérêts et des rencontres…

Où situerais-tu ta première orientation ?

Je passe un bac scientifique, sans idée bien précise de ce que je vais faire. Comme je porte un vif intérêt à la physique et à la chimie, c’est dans cette direction que je m’engage sans renoncer à une formation généraliste. Je fais donc le choix d’une prépa physique-chimie – sciences de l’ingénieur. Mon goût pour le concret me fait alors choisir la chimie appliquée aux matériaux. On aborde alors tous les matériaux, aussi bien inorganiques que  les polymères.

Où cela se passe-t-il ?

Cela se passe à Marseille, ma ville natale… que je vais quitter l’année suivante pour entrer à PolytechParis.

… Pas envie de rester à Marseille ?

Mon enfance, ma jeunesse à Marseille ont été formidables. Il s’agit d’une ville et d’une région attachantes… peut-être un peu trop attachantes. Les gens, là-bas, y sont très liés. Pour ce qui me concerne, j’avais besoin d’en partir, d’expérimenter une autre échelle de ville aussi…

Maintenir ouvert l’éventail des possibles… comme tu viens de me le dire ?

Oui, sans doute… Bref, me voici à Paris, à Paris 6 Jussieu, pour suivre une formation matériaux large et encore peu spécialisée qui me convient parfaitement. La dernière année est décisive : il s’agit d’une année de spécialisation en verre et céramique et c’est à cette occasion que je découvre le ciment.

Une découverte pour toi !?

Exactement, une vraie découverte… Peut-être justement parce que, comme tout le monde, je croyais le connaître simplement parce qu’on utilise le ciment énormément et de façon si courante. Ce qui m’a fasciné, c’est justement la grande complexité que masque l’apparente banalité de ce matériau et son usage.
Il se trouve que c’est le moment où je rencontre Eric Lécolier, un ingénieur de l’Institut Français du Pétrole qui, de fil en aiguille, me propose, pour le stage de fin d’études que je dois faire, de travailler à l’IFP sur la carbonatation des ciments de puits pétroliers.
L’expérience est bonne, tout autant que l’ambiance, si bien que j’enchaîne, en 2010, sur un travail de thèse à l’IFP. Il s’agit toujours de cette problématique de carbonatation[1]. Ce travail de thèse mobilise plusieurs thématiques connexes, chimie des ciments, thermodynamique des ciments, travail de laboratoire, modélisation. Cette diversité, là encore, me convient parfaitement.

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Et même les thèses finissent !…

Eh oui,  tu as raison ; la mienne finit en 2013… C’est alors que je frôle le lerm pour la première fois. Un poste d’ingénieur matériaux est alors offert, mais c’est pour Arles… et je souhaite rester à Paris. N’empêche, j’ai découvert le labo, l’entretien a été intéressant et je garde en tête cette opportunité même si j’entre alors chez Schlumberger pour un remplacement qui rebondira finalement sur plusieurs postes tous liés à la cimentation des puits et à l’adjuventation des ciments pétroliers.
Si ma thèse avait porté sur la durabilité, je suis là aux prises en quelque sorte, avec la problématique amont : formulation de coulis, rhéologie… Cela est bien complémentaire. Ce qui est alors également très intéressant, c’est de travailler à des projets appliqués à des problématiques clients : il s’agit d’un contrepoint très diversifié par rapport au travail de fond de la thèse. L’assistance technique apporte aussi au travail une variété et une occasion de contacts très enrichissants. Mon contrat chez Schlumberger s’achève…

… et tu croises le lerm une deuxième fois !

On ne peut rien te cacher… C’est, cette fois, pour un poste à Paris. C’est ainsi que je suis maintenant parmi vous …

Justement tes  première impressions du lerm, quelles sont-elles ?

D’abord, le lerm, c’est un laboratoire… Et cette réalité-là, cette ressource sont très importantes pour tous ceux, dont je suis, qui s’intéressent à la matière, aux matériaux, à la caractérisation, au diagnostic, aux essais divers. C’est un outil, mais c’est aussi une ambiance de travail à laquelle on est attachés. Autour de cet outil, le lerm, à taille humaine, me semble être une sorte de grande famille où chacun est concerné par ce qui se passe et où les échanges sont faciles, agréables et féconds.

Quels sont tes actuels dossiers de travail ?

Je travaille principalement sur la problématique de valorisation de matériaux d’excavation en lien avec les travaux souterrains du Grand Paris Express. Comme on ne creuse pas de tunnels dans l’abstrait,  je me mets à la géologie et en particulier à celle du bassin parisien… Très intéressant, de considérer les déblais a priori comme des matériaux et, en fonction de leur caractérisation, de les orienter, après traitement adéquat, vers une filière de valorisation potentielle : ciment, granulats, filière de la terre cuite, industrie du plâtre. L’un des autres aspects de ce projet est donc aussi l’étude des outils de caractérisation adaptés à une utilisation sur chantier.

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D’autres horizons, plus personnels pour finir ce portrait ?

Oui… horizon très proche et intime avec l’arrivée d’un bébé. Voilà de quoi occuper l’une des multiples vies d’un ingénieur ! Mais cet horizon intime est aussi mitoyen d’un horizon bien plus vaste, ma femme, en effet, est russe, originaire de Sibérie… La découverte d’un tel pays, d’une telle culture et d’une telle langue est une chance qui maintient grand ouvert cet éventail des possibles dont je te parlais au début de cet entretien.



[1] La thèse de Thomas Millan : Vers une modélisation géochimique de l’altération d’un ciment pétrolier en conditions géologiques : tests de carbonatation et optimisation de données thermodynamiques, 2013