Portrait de Dominique Fontaine

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Entretien avec Dominique Fontaine, Technicien minéralogiste au LERM

 

portrait_fontaineDominique, depuis quand t’intéresses-tu à la géologie ?
La géologie, c’est d’abord, pour moi, une curiosité d’enfant, curiosité qui ne m’a pas quitté… Je suis né à la Réunion.Avec mes parents, en randonnée, nous parcourions l’île dans tous les sens. C’est dans ce milieu particulier que je me suis intéressé à tout ce qui touche aux volcans et ensuite aux pierres et aux paysages géologiques pour comprendre comment a pu pousser et se métamorphoser autant ce petit « caillou » au milieu de l’océan indien.

Ta voie était donc toute tracée…

Oui et non… Oui, parce que je suis devenu géologue, en effet et non… parce que j’ai une autre passion : la musique, la guitare notamment, instrument pour lequel j’ai passé tous mes diplômes au conservatoire, et que j’ai enseigné aussi pendant quelques années. J’ai finalement fait un compromis en choisissant une vie de musicien amateur pour poursuivre mes études de géologie. Après un DEUG passé à la Réunion, je viens donc en France et m’inscris à l’Université de Grenoble, pour la qualité de l’enseignement et des professeurs de géologie, mais aussi pour découvrir les massifs alpins… et la neige, qu’à 22 ans je n’avais encore jamais vue ! Autant allier le froid aux plaisirs.

A Grenoble, l’environnement est exceptionnel pour enchaîner les sorties de terrain : Vercors, Belledonne, Ecrins, Mont-Blanc…

En plus de tout cela, je passe du surf dans l’Océan Indien au snow board. C’est à Grenoble également que je démarre la pratique de l’escalade, une sorte de géologie en acte où la connaissance de la roche permet parfois d’anticiper de beaux mouvements ! Tous les grimpeurs, en tous cas, te dirons la différence qu’il y a entre une dalle de granite et une dalle de calcaire.

Cette pratique de l’escalade te conduit souvent dans des sites géologiques remarquables.

 portrait_fontaine2On quitte le plein air pour entrer un peu au LERM ?

J’entre donc au LERM en 2005. Je viens alors de passer une maîtrise de géologie, option géophysique. L’ensembledes activités du LERM dans ce domaine m’intéressent bien et j’y côtoie d’ailleurs de nombreux géologues et géophysiciens.

Mon poste est rattaché au laboratoire microstructure et chimie. J’y pratique la minéralogie, la pétrographie, la microscopie optique, la microscopie électronique à balayage (MEB), à la fois dans le but de caractériser les matériaux d’un point de vue minéralogique, mais aussi dans celui de diagnostiquer leurs pathologies.

C’est au LERM que je découvre la problématique des ciments, des mortiers et des bétons, qui pour un géologue est du même ordre que celle des matériaux naturels. On retrouve dans les bétons et les mortiers des faciès très proches de ceux rencontrés dans la nature. Le géologue rencontre également les mêmes problématiques pour l’ensemble de ces matériaux, naturels ou artificiels : comment cela s’est-il constitué ? Comment cela évolue-t-il ? Comment cela se dégrade-t-il ?

 Ce que tu fais au LERM correspond-il à ce que tu pouvais souhaiter en étudiant la géologie ?

C’est exactement ce que je pouvais souhaiter… Je t’ai parlé de cette curiosité qui t’amène à questionner les formes existantes

et à comprendre que même les choses apparemment les plus inertes ont une histoire. Au laboratoire, j’exerce cette curiosité tous les jours. En dehors, de la production d’études, au LERM, je m’intéresse d’ailleurs à la mise sur pied de notre lithothèque, pour valoriser la richesse et la diversité de nos échantillons et de nos études pétrographiques. Ce sera à la fois un bel outil de travail et de formation… Et puis il faut bien dire qu’il y a chez tout géologue, cachée, une petite manie de la collection.

portrait_fontaine3 Comment vois-tu l’évolution de ton activité au LERM ?

Le volume de notre activité nous a amenés, l’an dernier, à embaucher un second géologue sur le même profil deposte que le mien. Fort de son enthousiasme dans ce domaine d’activité, j’aimerais progressivement m’orienter vers un profil de chargé d’études sur le marché matériaux du LERM.

 

Il y a une vie après le LERM ?

Il y en a plusieurs ! Je t’ai parlé de la musique, du sport… mais, tu sais qu’en sortant du LERM, on ne cesse pas d’être géologue… Quand on a la chance d’avoir cette culture : on est toujours en éveil. On s’interroge sur les paysages et les reliefs que l’on traverse, on ne fait pas de randonnée sans charger son sac de pierres qu’on ramène pour sa collection.

Je m’intéresse toujours aux volcans. Les spectacles sont grandioses, mais surtout, tout se passe comme si, soudain, tu devenais témoin des origines de la planète, de son activité intime. Cet intérêt a motivé des voyages à Santorin, en Sicile, en Guadeloupe, à la Martinique. Je suis en contact permanent avec des amis sismologues ou volcanologues de La Réunion qui me tiennent informé de l’activité volcanique de l’île.

Cette lettre d’information sur le sable est un peu à l’image du géologue, il tâche de savoir ce qui se passe sous sa serviette, et, où qu’il se trouve, la nature lui communique quelque chose.