Entretien avec Christophe Carde,
Directeur de Département Ouvrages et Patrimoine du lerm
Christophe, tu diriges le département ouvrages et patrimoine du lerm… es-tu plutôt ouvrages ou plutôt patrimoine ?
Comme il m’est impossible de choisir, je te répondrais que les ouvrages sont un patrimoine…
Je reconnais là immédiatement le directeur du département du lerm mais… mon portrait est un peu court !
Disons alors que je suis plutôt ouvrages parce que je suis passionné par les techniques du génie civil dans toutes leurs dimensions : utilitaires certes, mais aussi esthétiques. Je trouve très intéressante l’alliance contemporaine de l’ingénierie et de l’architecture.
Tu me racontes un peu ton parcours et ta formation ?
Mon bac en poche… Disons que je suis alors bien jeune et que ma vocation est encore assez indécise. C’est donc en partie par amitié que je m’inscris à l’université de géologie de Pau. Pour continuer en licence et faire ensuite une maîtrise de géologie appliquée je dois gagner Bordeaux. Comme l’appétit vient en mangeant, mon intérêt pour la géologie grandit avec la poursuite de mes études. J’enchaîne donc par un DEA de génie civil à l’INSA de Toulouse…
… Le donc que tu viens de prononcer signifie qu’il y a, pour toi, un rapport logique entre l’étude de la géologie et le génie civil…
Oui, certainement : l’aspect matériau du génie civil me semblait très proche de l’intérêt que je portais à la géologie. Le béton, dont j’étudierai la dégradation par lixiviation lors de mon doctorat, est au fond un matériau minéral artificiel, certes, mais que la géologie, ses méthodes et sa chimie peuvent parfaitement étudier. Mais nous n’en sommes pas là, car l’obtention de mon DEA m’ouvre alors au bénéfice du service militaire…
Libéré de ces obligations, comme on dit, je travaille ensuite un temps à la division Transfert de technologie du LMDC. C’est là, que, pour la première fois, j’entends parler du lerm.
A cette époque démarre mon travail de thèse, au LMDC, travail qui s’inscrivait dans un contrat de recherche soutenu par l’ANDRA et le CEA. Dans le cadre de la durabilité des bétons de conteneurs de déchets radioactifs, il s’agissait de prévoir les propriétés résiduelles des matériaux cimentaires soumis à l’action des eaux de pluie et de ruissellement.
C’est après ta thèse que tu arrives au lerm ? Comment cela se produit-il ?
Très simplement, tu vas voir… Le laboratoire est en pleine phase de développement et cherche donc des collaborateurs. Je rencontre Hugues Hornain pour un entretien… C’est ainsi que j’arrive à Paris en 1996 pour devenir ingénieur d’études.
C’est juste avant le départ du laboratoire vers Arles…
En effet, je ne resterai que quelques mois à Bagnolet… Pas fâché de rejoindre une région du Sud de la France, je dois le dire !
Tu connaissais déjà Arles et sa région ?
Oui… J’y avais fait un voyage scolaire de deux jours quand j’étais à l’école primaire !
Comment se passe ton arrivée au lerm ?
Le milieu est tout neuf pour moi : j’écoute, j’observe, j’apprends. Ce qui a été très encourageant, c’est la confiance que l’on ma faite d’emblée : tu peux prendre tes responsabilités, mais celles-ci ne sont pas écrasantes, dans la mesure où le lerm est une équipe où les échanges et les questionnements sont toujours ouverts, ce qui, bien sûr, est favorable aux apprentissages toujours nécessaires.
Petit à petit, avec l’expérience, je deviendrai responsable du bureau d’études puis directeur technique. Cette direction technique est plutôt une fonction de transversalité. En l’exerçant, je me suis toujours souvenu de l’intérêt qu’ont eu, dès mon arrivée dans l’entreprise, le travail d’équipe et les échanges de compétences qu’il autorise.
Que change, pour toi, la direction du département ouvrages et patrimoine ?
Disons que je renoue avec l’action des études… Chaque étude un peu complexe est une aventure qui te met aux prises avec une problématique et des interlocuteurs nouveaux. C’est stimulant : c’est là un moteur du développement permanent des connaissances.
A propos d’étude complexe, c’est toi, qui a piloté au lerm le dossier des VIPP d’ASF, tu peux nous en parler un peu ?
Cette étude était pour nous un dossier atypique. Atypique d’abord par sa taille puisqu’il s’agissait du diagnostic général de 26 ouvrages ! Atypique aussi par sa forme : nous avons en effet répondu à l’appel d’offre en groupement d’entreprises. Il a donc fallu piloter une importante coopération de personnes et de moyens.
Cette étude a également été l’occasion de rencontres professionnelles, techniques et humaines très fortes. Je pense notamment à la rencontre avec Bernard Tonnoir du CETE de Lille qui est intervenu avec nous sur l’évaluation de la précontrainte résiduelle des VIPP. Notre travail en commun a permis de nouer une forte estime réciproque, si bien qu’après la prise de sa retraite, Bernard Tonnoir nous a rejoints et a apporté au lerm la maîtrise complète de l’essai à l’arbalète. Grâce à lui et à sa grande expérience, nous avons acquis une connaissance approfondie de la caractérisation des aciers de précontrainte, un bon savoir-faire concernant les procédures de calibration et une approche précise des correctifs à appliquer aux essais in situ… autant d’éléments absolument nécessaires à une évaluation aussi fine que possible de la précontrainte résiduelle.
Trouves-tu le temps pour une vie après le lerm ?
Pour plusieurs vies… On ne laisse pas sa curiosité aux portes du labo ! Une vie de famille, de musique, de sport, de loisir, de voyages…