La base de données DIOGEN pour l’alimentation des outils d’évaluation environnementale des ouvrages de génie civil

Entretien avecYannick Tardivel du SETRA

 

yannick-tardivel-entretien-lerm-infos-2012Pouvez-vous nous présenter le projet de la base DIOGEN ?
Ce projet est né d’un constat de manque. Il y a 3 ans, nous travaillions avec des collègues de l’IFSTTAR et de l’ENPC sur l’évaluation de l’impact environnemental de structures de génie civil. Nous avons alors constaté que les bases de données existantes étaient insuffisantes ou que leurs valeurs n’étaient pas adaptées aux spécificités du génie civil.
Il nous a semblé que, pour combler ce vide, nous devions associer les différents partenaires du monde du génie civil pour alimenter une base de données de référence dans ce domaine. Ce groupe de travail a regroupé, dans le cadre associatif de l’AFGC, des producteurs de matériaux, des entreprises, des bureaux d’études, des universités, des écoles et des centres de recherche. Ce projet est co-piloté par Christian Tessier de l’IFSTTAR et par moi-même au SETRA.

 

Vos travaux commencent donc en 2010…
Oui, en mai  2010, avec un double objectif : celui de collecter des données spécifiques et pertinentes et celui de qualifier ces données pour qu’elles soient exploitables pour ce qui concerne le marché français. L’année 2011 sera  donc consacrée au travail d’un groupe méthodologique sur ces questions.

 

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Terminal méthanier de Fos-Cavaou

Quelles données avez-vous donc décidé de recenser ?
En génie civil, l’ACV des structures fait apparaître le poids particulièrement important, dans leur empreinte environnementale,  de la phase de production des matériaux ; c’est donc à cette phase de production que nous limitons la base de données.
Nous travaillons cependant déjà à un élargissement relatif des données à la phase de mise en œuvre, pour que puissent être mis en regard, par exemple, les éléments en béton coulés sur place et les éléments préfabriqués livrés sur le chantier.

Les matériaux ont été répartis en 4 groupes, les matériaux cimentaires, les matériaux métalliques, les matériaux de revêtement et composites, enfin le bois. A chacun de ces groupes de matériaux correspond un groupe de travail qui recense et évalue les données.

 

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Le pont sur le Tage à Lisbonne

Pouvez-vous nous parler de cette évaluation des données recensées ?
Cette évaluation est très importante pour l’usage futur des données dans une ACV. Pour les matériaux et les processus de production dont les impacts sont déterminants, il convient que les données soit aussi appropriés et justes que possible. L’évaluation est faite en fonction de la représentativité et de la fiabilité des données.

Les données doivent en effet être représentatives du matériau étudié tant en ce qui concerne sa provenance géographique, la technologie impliquée, la période de fabrication. L’inventaire des flux doit s’effectuer sur une période représentative d’une production moyenne du site concerné. La fiabilité des données  est, quant à elle, assurée par leur traçabilité, par la mention et la disponibilité des sources. Les mesures des impacts doivent être garanties par des procédures et des échantillonnages adaptés.

Chaque critère est noté sur une échelle et les notations sont ensuite agglomérées pour donner un indice de confiance qui permet, en fonction de l’importance du matériau dans l’étude, de déterminer si la valeur de la donnée est acceptable ou non. Nous avons repris ici, en l’adaptant, la méthode de qualification de la base Ecoinvent.

 

Où en êtes –vous de l’opérationnalité de DIOGEN ?
Comme je vous l’ai dit, l’année 2011 a été consacrée aux définitions méthodologiques. En 2012, nous avons validé les choix et les méthodes et les premières données ont été qualifiées et intégrées. 2013 sera l’année de la montée en charge de la base.
Aujourd’hui, le site internet offre l’accès à  9 données concernant les ciments, 6 données concernant les bois de chantier et de structure.
En complément d’une première fiche sur les tôles et profilés, les données concernant les aciers, la galvanisation et les appareils d’appui d’ouvrage sont en cours de validation.

 

Rencontrez-vous des problèmes d’alimentation en données ?
C’est l’un des points qui justifie entièrement la démarche collective par laquelle nous avons élaboré le projet : les producteurs sont aussi les acteurs du projet. Certains secteurs, cependant, sont moins réactifs, comme ceux de l’équipement ou des peintures, par exemple. Il y a à cela des raisons : il s’agit de plus petits producteurs qui n’ont pas forcément de moyens à consacrer à des évaluations environnementales.

C’est le rôle des groupes de travail de les aider et de les motiver… Finalement, chacun s’y retrouve : ce qu’ils nous fournissent peut également leur servir d’outil de communication et d’optimisation de leur production.

 

Un mot sur CIOGEN ?…
CIOGEN est un calculateur spécifique au génie civil. Il sera disponible en ligne en 2013, dans une version qui intégrera progressivement les retours d’expérience et qui sera donc évolutive. Il permettra de prendre en compte également les données de la vie en œuvre et de la fin de vie, il s’agit donc d’un outil qui  permettra aux maîtres d’ouvrages de procéder à  une ACV complète de leurs structures.

Le site de DIOGEN : http://diogen.fr/