Jean-Luc, avant d’évoquer ton métier et l’utilisation des normes au sein du lerm, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Après les premières années d’université en Sciences de la matière axées Physique Chimie, j’ai découvert l’univers de la Sciences des matériaux qui m’a tout de suite plu. Je me suis orienté en maîtrise et DESS vers cette thématique qui offrait une finalité concrète à mes connaissances, jusque-là restées théoriques. En effet, cette orientation m’amenait vers la fabrication, la caractérisation, et des applications concrètes de tout type de matériaux.
Par la suite, quelles ont été tes expériences professionnelles ?
J’ai réalisé un stage de fin d’étude orienté plutôt métallurgie, portant sur le traitement de surface de pièce pour l’aéronautique. En effet, le sud-ouest et plus particulièrement Toulouse sont orientés dans ce domaine. Malgré tout au début des années 2000, il n’était pas évident d’entrer dans le monde du travail.
Et c’est finalement en tant que technicien de laboratoire à PointP Béton que j’ai commencé ma vie professionnelle. Je réalisais des contrôles de béton, donc de vérification de conformité du produit à la fois à sa sortie de la centrale à béton mais aussi lors de son usage sur les chantiers. Cette expérience a été très formatrice, car non seulement j’ai appris à formuler, mais le laboratoire faisant le lien entre la fabrication et le chantier, j’ai également appris à identifier des sources de dysfonctionnement provenant de pratiques sur les chantiers et à défendre ma position dans ces cas.
Il s’agit donc de ton premier apprentissage du béton ?
Exactement. Dans les 5 ou 6 centrales, nous avions différents types de béton, pour la construction urbaine mais aussi pour de petits ouvrages d’art dans des zones rurales.
J’ai ensuite rejoint une usine de préfabrication (SEAC Guiraud), d’éléments de béton précontraint, dans un petit laboratoire de contrôle où j’étais responsable de laboratoire et responsable qualité de l’usine. L’expérience s’est élargie à la connaissance de la fabrication de tous les produits, la gestion de la production, l’approvisionnement des matériaux (sables, gravillons…), la résolution des problèmes au quotidien et la conduite d’audit pour le marquage CE et NF. Ce fut ma première expérience de management.
Tu as ensuite rejoint le lerm n’est-ce pas ?
Oui, j’ai tout d’abord été l’adjoint du responsable du laboratoire d’essais physiques.
La différence majeure d’avec les expériences antérieures du milieu industriel, réside dans la diversité et la haute valeur ajoutée des essais qui sont réalisés. Le panel d’essais est beaucoup plus large, et plus complet en ce qui concerne les matériaux, puisqu’il couvre tous les constituants du béton, granulats, ciments, adjuvants…
Ma connaissance des essais et du contexte normatif s’est largement approfondie au Lerm.
Qu’en est-il des normes au lerm ?
Au laboratoire, les normes, c’est notre quotidien.
Deux types de normes, d’essais pour les modes opératoires et pour les spécifications (performances des matériaux), se complètent et sont incontournables.
Chaque type de matériau a ses propres normes. Les appellations des essais peuvent être identiques (masse volumique, résistance mécanique…) mais les modes opératoires sont spécifiques à chaque produit.
Au laboratoire d’essais physiques, nous avons environ une vingtaine d’essais accrédités Cofrac. Une très grande rigueur est de mise, à la fois sur le suivi des modes opératoires bien sûr mais aussi la vérification du matériel (selon les normes ou selon nos propres dispositions), la formation et le maintien des compétences du personnel, etc…
Dans le métier du contrôle matériaux, les clients sont sensibles à l’accréditation Cofrac – un audit est réalisé tous les 15 mois -, elle fait office de référence.
Existe-t-il des spécificités quant au laboratoire d’essais physiques ?
Il existe une grande variété d’essais physiques, nous avons besoin de petit matériel mais aussi de matériels de gros volumes (presses, enceintes de gel, Rag…), la durée des essais allant de quelques minutes à un an, voire plus d’un an. Nos salles d’essais sont régulées en température et hygrométrie. Nous sollicitons fortement notre service de maintenance pour nous aider à effectuer certains réglages et réparations.
Le temps consacré à la métrologie (externe mais surtout interne) est important.
Comment s’effectuent les essais ?
Il existe de fortes contraintes d’échéances de mesures : les essais doivent se réaliser tel jour, nous devons concilier la rigueur de l’application des normes avec la souplesse d’organisation du travail car nous ne pouvons pas repousser les échéances des essais.
Notre personnel (équipe de 8 collaborateurs) s’entraide, les essais d’une durée d’un an ne peuvent pas être réalisés par un même seul technicien. C’est ici que les normes définissant les procédures prennent toute leur valeur, puisqu’elles assurent une uniformisation des pratiques, non seulement entre laboratoires, mais aussi au sein d’un même laboratoire. Elles permettent de limiter les écarts de variabilité des pratiques.
Un atout majeur du Lerm réside également dans la connaissance des anciens, (et même issus du CERILH), qui transmettent les bonnes pratiques, qui peuvent ainsi se perpétuer parmi les jeunes générations de techniciens et ingénieurs.
Peux-tu nous expliquer en quoi la connaissance des normes anciennes qui ne sont plus aujourd’hui en vigueur est importante ?
De par l’accréditation COFRAC, nous sommes tenus de suivre l’évolution des normes, et à chaque changement, de mettre en place des modifications de pratiques au laboratoire. Nous avons étendu cette pratique à l’ensemble des normes.
Mais il est tout aussi important, particulièrement en matière d’expertises, de connaître les normes d’essais anciennement en vigueur, afin de pouvoir évaluer le matériau en fonction des spécifications de l’époque.
Nous sommes donc amenés à connaître et utiliser des normes anciennes périmées, à conserver l’historique de l’évolution des normes. Là encore, la mémoire des anciens au Lerm et leur expérience des pratiques sont importantes.
Aurais-tu un souvenir particulier concernant les essais et les normes à nous relater ?
Un défi majeur que nous avons relevé il y a quelques années au laboratoire d’essais physique, fut de mettre en place, en un an, toute la procédure permettant d’obtenir l’accréditation Cofrac pour 3 essais bétons (indicateurs de durabilité) pour lesquels des normes avaient été publiées peu de temps auparavant.
En parallèle de la production habituelle, toute l’équipe a donc été impliquée pour réaliser cet objectif : l’étude des normes, l’achat et la fabrication sur place de matériel, la mise en place des modes opératoires, les consommables, l’acquisition du savoir-faire… Et ce, pour 3 essais, ce fut un travail considérable. Nous y sommes arrivés.
Nous avons été le premier laboratoire à être accrédité sur ces 3 essais. Ce fut une belle réussite.
Et la vie en dehors du lerm ? Des passions ?
Je suis très attaché à la région du Sud-Ouest qui est ma région d’origine et j’essaye d’y revenir le plus souvent possible.
Le sport est une passion. J’aime globalement tous les sports et j’ai pratiqué le football pendant 25 ans.
Et le rugby (sud-ouest, rugby) ?
Bien sûr que j’aime le rugby, d’ailleurs le stade toulousain a confirmé cette année qu’il était bien le meilleur… (rires)
Maintenant je pratique le trail depuis 7 ans; ce sport, la course en montagne, allie ma passion pour le sport et la nature et en général dans les Pyrénées. Je suis passé d’un sport collectif à un sport individuel. Mais dans le trail, il y a beaucoup d’entraide. Nous nous soutenons les uns les autres.
Je m’entraîne le plus régulièrement possible.
Ça permet de se dépasser au quotidien, de dépasser ses limites à la fois physiques et mentales. Et nous profitons de paysages magnifiques (surtout des Pyrénées), qui font du bien également quand on est un peu défaillants.
Le trail est un des seuls sports à ma connaissance qui permet de courir avec les élites, des professionnels, qui sont en général sympathiques et accessibles.
L’effort physique, la performance, apprendre sur soi, être humble par rapport à la nature et à nos capacités, c’est tout cela que j’apprécie dans le trail.
Quelles longueurs et quels dénivelés de tes courses ?
Entre 40 et 50 km environ. L’une des plus récentes que j’ai faite était de 42 km, avec un dénivelé positif de 2500 mètres. La prochaine sera de 41 km avec un dénivelé positif de 3300 mètres.
Chapeau !