Antoine, tu as rejoint le lerm il y a aujourd’hui, jour de notre entretien, deux ans exactement. Félicitations ! Tu es Chargé d’affaires. Peux-tu nous parler de ton cursus d’études ?
Merci ! J’ai suivi une classe préparatoire en Biologie Chimie Physique Sciences de la Terre puis intégré l’école d’ingénieurs Agro Paris Tech. Cette dernière offre une formation assez généraliste pouvant ouvrir des perspectives assez vastes dans des domaines tels que l’agronomie, l’environnement ou encore les industries agroalimentaires. En entrant dans ce cursus, j’étais intéressé par la géologie et la biologie, mais je n’avais pas à l’époque défini de manière précise mon orientation professionnelle.
Qu’est-ce qui t’a donc amené à une thèse sur la valorisation des sédiments ?
De fil en aiguille, au cours de la formation, de par les activités, les stages, je me suis progressivement orienté vers la spécialisation « Ingénierie de l’environnement, eau, sol, déchets ». Une attirance s’est créée pour ces thématiques. Et j’ai effectué mon stage de fin d’études au sein de la branche Recherche et Développement EDF, sur le sujet de la valorisation de sédiments retenus dans les ouvrages hydroélectriques et qui pourraient potentiellement être dragués dans le futur, avec un aspect géographie et territorialisation de la valorisation. En parallèle de ce stage, EDF R&D construisait un sujet de thèse relative à la valorisation du sédiment en tant que matière première pour l’industrie du ciment.
Et c’est ainsi que tu es arrivé dans le domaine des matériaux ?
Oui. Le sujet de la thèse m’intéressait beaucoup en raison du vaste panel de domaines qu’elle recouvrait : matériaux cimentaires, minéralogie et chimie, économie circulaire, valorisation des déchets, aspects réglementaires, etc. Cette transversalité du sujet me plaisait. Je ne connaissais initialement qu’une partie de ces sujets, je n’avais pas de formation purement matériaux à l’origine mais ma motivation pour apprendre a fait le reste. Par nature, j’aime m’ouvrir à de nouveaux sujets et me les approprier.
C’est à ce moment-là que tu as fait connaissance avec le lerm ?
Effectivement. Cette thèse[1] a démarré en décembre 2014 et elle réunissait 4 partenaires, L’Université de Limoges, EDF R&D, l’ATILH (Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques) et donc le lerm.
Peux-tu nous en dire plus sur cette voie de recherche de valorisation étudiée dans ta thèse ?
La thèse comportait deux grands axes. La valorisation dans les crus cimentiers, pour produire du clinker en substitution principalement de la matière argileuse, voire d’une fraction de l’apport calcaire en fonction de la géologie du bassin versant. Le deuxième volet du sujet de thèse portait sur la valorisation des sédiments comme addition cimentaire, après calcination, avec la recherche d’une éventuelle réactivité pouzzolanique.
Nous sommes allés assez loin dans la démarche, en étudiant de manière détaillée 8 sédiments provenant de 8 barrages différents. Les essais conduits dans le cadre de la thèse avaient notamment pour objectif de déterminer l’effet sur le produit final, le liant, des caractéristiques initiales des sédiments valorisés.
Des tests en laboratoire ont donc été réalisés ?
Cette recherche comportait une part importante d’études en laboratoire. Une partie des tests a été réalisée à l’Université de Limoges, une autre au laboratoire du lerm. Ce qui m’a plu c’est la diversité des tâches : préparation des échantillons, essais en laboratoire, tâches rédactionnelles, communications orales… Concernant le lerm, j’étais suivi et appuyé par Isabelle Moulin, directrice du département « Economie circulaire et traitement des déchets » dont l’expertise m’a été précieuse. J’ai également côtoyé régulièrement Noureddine Rafai, Directeur Scientifique, qui m’a également beaucoup apporté sur la caractérisation des clinkers. De semaine en semaine, j’ai progressivement acquis une culture sur les ciments et les bétons. C’était très formateur. Je peux dire que j’ai maintenant une formation multi-casquettes et une connaissance de l’intégralité du processus, de la matière première au matériau élaboré.
Comment s’organisaient les essais ?
La caractérisation des sédiments et les traitements thermiques s’effectuaient à l’Université de Limoges. Je transportais ensuite les échantillons, notamment les clinkers, jusqu’aux laboratoires du lerm à Arles où je restais sur des périodes de deux semaines environ. Isabelle Moulin intervenait sur le montage du programme. Les tâches étaient planifiées et intégrées dans l’ensemble des activités du laboratoire. Pour certaines parties de l’étude, je faisais appel aux techniciens spécialisés, par exemple des préparations de mortiers.
Et après la thèse, le lerm ?
Après la thèse que j’ai soutenue en décembre 2017, j’ai d’abord et surtout pris un certain temps de repos ! Le lerm m’a proposé un poste de chargé d’affaires début 2018. Il y avait tout d’abord un besoin urgent sur une mission d’une dizaine de mois à temps plein pour une mission de maîtrise d’œuvre sur un lot de génie civil de TELT, le Tunnel Euralpin Lyon Turin. Le travail portait sur la valorisation des déblais d’excavation, notamment pour la fabrication du granulat de bétons de génie civil.
C’était donc tout à fait dans la continuité de tes centres d’intérêt ?
Mes contacts avec le lerm pendant ma thèse de doctorat avaient été très bons. Les interactions que j’avais eues m’avaient enthousiasmé. J’appréciais notamment l’expertise présente au sein de la société sur de nombreuses thématiques liées aux matériaux et aux structures. Pour mon premier emploi post-thèse, je souhaitais autant que possible conserver les deux volets de ma formation, à savoir l’Environnement et les matériaux. Ce poste correspond vraiment à ce que je souhaitais faire. Le département Economie circulaire et traitement des déchets du lerm s’intéresse à une grande variété de déchets et matériaux naturels, pour l’heure à dominante minérale.
Quelles sont tes missions ?
J’ai travaillé pour TELT sur la valorisation des terres d’excavation en remblai et granulat. A cette occasion, j’ai découvert les missions de maîtrise d’oeuvre. Encore une fois ce fut une expérience très enrichissante. J’étais sur un site détaché du lerm et en contact avec d’autres sociétés du groupe setec, surtout setec ALS. J’ai approfondi ma connaissance sur les granulats et les bétons. Ensuite j’ai continué à assurer quelques missions à distance pour ce projet.
Puis j’ai rejoint l’agence de Paris du lerm début 2019. Le fait que nous travaillons sur un panel varié de missions, rend le quotidien non routinier. Et j’apprécie cet aspect. Pêle-mêle, j’ai travaillé sur des études liées à la caractérisation de granulats issus de béton recyclé, des problématiques de remblais gonflants, des caractérisations de sédiments, la construction, en partenariat avec setec hydratec, d’un schéma directeur de gestion et valorisation de sédiments de dragage pour la Direction Territoriale Nord – Pas-de-Calais de VNF, des essais en laboratoire de traitement de sédiments aux liants hydrauliques, des investigations géologiques sur des dépôts sédimentaires franciliens, etc.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta fonction ?
La variété des sujets, l’exigence de qualité du rendu, l’expertise, les contacts et le travail effectué avec d’autres sociétés du groupe setec auquel le lerm appartient, hydratec, Terrasol, ALS, setec inter. Au sein du groupe, nous sommes en mesure de produire des offres coordonnées faisant appel aux diverses expertises et qui répondent à de larges besoins. L’étendue des matériaux sur lesquels le lerm peut apporter son expertise avec, qui plus est des installations de laboratoire à disposition, fait que nous pouvons intervenir sur un grand nombre de projets.
Et la vie en dehors du lerm ? Il semble que tu as changé souvent de région ?
Je viens de la Loire, entre St Etienne et Clermont-Ferrand. J’ai fait ma classe préparatoire à St Etienne, puis AgroParisTech à Paris. J’ai eu l’occasion de séjourner en Italie, au Canada et dans différentes régions de France, à l’occasion des stages que j’ai effectués. J’ai effectué ma thèse de doctorat à Limoges, puis je suis allé à Chambéry pour le projet TELT. Et maintenant je vis en région parisienne et travaille à Paris…
Joli parcours géographique… Et quels sont tes loisirs ?
Principalement le sport en extérieur. Dans la nature, c’est bien. En montagne, c’est encore mieux. Je pratique la course trail, le vélo. Cela fait du bien. Le monde pro au bureau et le monde perso à l’extérieur, c’est un équilibre.
[1] Antoine Faure. Capacité d’un sédiment à se substituer à la fraction argileuse de la matière première de l’industrie des liants hydrauliques. Thèse de Doctorat. 2017. (Université de Limoges, EDF R&D, lerm, ATILH)