Dominique Rossini, chimiste, responsable du laboratoire microstructure et chimie du LERM

drlermDominique, quelle est ta fonction au sein du LERM ?
J’ai deux casquettes au sein du laboratoire : je suis responsable du laboratoire microstructure et chimie et, à ce titre, adjoint du directeur des laboratoires. J’ai également une casquette ingénierie sous laquelle je conduis des études. Ce sont deux pratiques très différentes. Dans la première, je suis au sein d’un collectif dont la mission est de répondre aux besoins de l’ingénierie ; dans la seconde, je suis plutôt dans une pratique individuelle d’étude en vue de répondre à une commande ponctuelle.

Tu concilies bien les deux ?
Oui ! Cependant la responsabilité du laboratoire microstructure et chimie tend à me prendre de plus en plus de temps, ce qui est normal, compte tenu du développement des activités du LERM.

Comment devient-on chimiste ?
Pour moi, il s’agit à peine d’un choix… à cinq ans je voulais être chimiste, ou cuisinier. Je fais et j’aime toujours faire la cuisine et je suis chimiste. J’ai simplement suivi ma voie. C’est une grande chance !

Comment peut-on vouloir devenir chimiste à un âge où la majorité des enfants ne savent pas que la chimie existe ?
Ils ne savent peut-être pas que la chimie existe… mais ils se posent des tas de questions de chimie : tu ne te demandais pas, tout petit, pourquoi l’eau est liquide, pourquoi les pierres sont solides, pourquoi l’essence brûle. Le fait que nous fassions tous les jours l’expérience que le monde est matériel fait de nous tous des chimistes potentiels. On devient chimiste, sans doute quand on a le goût de décortiquer, soupeser, mélanger et comprendre des phénomènes qu’on ne voit pas (ça c’est passionnant !) mais qui font le monde tel qu’il est.

Alors des études de chimie ?…
Oui, bien sûr, des études de chimie. Enfin… une scolarité un peu banale, parfois poussive, jusqu’au lycée où je prends une option chimie. Et là, c’est le bonheur. Le bonheur d’aller tous les jours apprendre quelque chose, de se poser des questions, de faire des TP, de mettre en rapport des concepts, de discuter avec les profs… Quand tu prends un tel plaisir à ton travail, il n’y a plus à proprement parler de mérite scolaire. Cette chance que j’ai eue, il faudrait la souhaiter pour tous les élèves, mais comment faire pour que chacun trouve sa voie à soi ?

Et après le bac ?
Après le bac ? Encore de la chimie ! J’entre dans un IUT de chimie, puis à l’université où je passe une licence puis une maîtrise de chimie moléculaire, de l’organique pur jus. Pour élargir un peu mon horizon et satisfaire ma curiosité, je choisis ensuite un DESS de formulation chimique au cours duquel je retrouve l’appétit du lycée pour des tas de domaines très différents les uns des autres.

Quand tu entres au LERM en tant que chimiste, ce qui t’y attend correspond-il à ce qu’un passionné de chimie pouvait espérer ?
Le chimiste est aussi un être humain… En arrivant au LERM, j’apprécie que la mentalité de l’entreprise corresponde à ce que je pouvais en attendre : on y avait et on y a encore une liberté certaine de conception de son poste qui permet à chacun d’être qui il est et donc de ne pas laisser trop de ses capacités personnelles au placard. Cette part de marge est appréciable pour chacun : pour l’employé et pour l’entreprise.
En tant que chimiste, j’arrive au royaume de la chimie minérale… Cela me demande une adaptation qui vient vite. Mais mon passé est aussi un atout, dans la mesure où j’apporte au LERM une touche d’organique qui nous permet d’élargir nos études aux mortiers mixtes, aux résines, etc….

Quel est ton parcours au sein du LERM ?
D’abord, je me consacre à la mise au point de méthodes et de modes opératoires en chimie. J’effectue des essais et, progressivement, je prends en charge des études.
Ensuite, je deviens responsable du labo de chimie, puis de la fusion de la chimie et de la microstructure, fusion décidée à la fois pour des raisons organisationnelles et pour l’intérêt d’une symbiose technique entre observation de la structure et détermination de ses quantifications chimiques.

Parles-nous de ta responsabilité du laboratoire microstructure et chimie…
Il s’agit d’une part croissante de mon activité qui est intéressante dans la mesure où elle demande une vision à long terme. Je me sens bien dans ce rôle dans la mesure où j’ai du goût pour la conduite des choses et que c’est dans le collectif que je donne plutôt ma mesure ; c’est vrai en musique aussi.
Manager l’équipe, c’est la faire vivre au quotidien, mais c’est également coordonner plusieurs plans pour maintenir une bonne qualité de prestation : maintenir, transmettre et faire évoluer les connaissances scientifiques et techniques, investir dans le matériel, améliorer tout ce qui peut concourir à la fluidité de la production… Le LERM a beaucoup évolué depuis mon arrivée en 1997 : nous sommes passés de 23 copains compétents à plus de 70 professionnels ; cette professionnalisation des procédures au sein de l’entreprise a été un enjeu majeur.

Y-a-t-il, pour toi, une vie après le LERM ?
Il y en a plusieurs !
Pour rester dans notre domaine, je suis actuellement une formation bien intéressante en expertise judiciaire. J’y retrouve une déontologie familière à notre laboratoire : faire parler la science pour éclairer une situation.
Sinon, je viens d’avoir une petite fille…Tu comprends vite que c’est tout une vie de parent qui s’ouvre à toi…

Tu as évoqué la musique, tout à l’heure…
C’est vrai, comme mélomane ou comme musicien, la musique m’est indispensable.

Quel genre ?
Le rock, le Heavy Métal  !… Comme la chimie, depuis aussi loin que mes souvenirs remontent. Cadet-Roussel, cela n’a jamais été pour moi. Non, à 4 ans j’écoutais le rock anglo-saxon : Elvis Presley, les Beatles, les Stones, Hendrix. Les pochettes des Stones inquiétaient bien un peu ma mère !
Dans la pratique musicale, c’est la dynamique du groupe qui m’intéresse ; c’est elle, quand elle se produit, qui permet de dépasser un peu nos limites techniques et non plus de faire, mais d’être dans la musique.

Note de la rédaction
Dominique Rossini est leader du groupe métal Stereoxyde. Leur troisième album « Daemonii Sapiens » qui vient de sortir sous le label Brennus est disponible chez tous les bons disquaires.