C’est souvent par des remarques sur la pierre, sur la maçonnerie et sur l’architecture que Stendhal dans les Mémoires d’un touriste (1837) définit le caractère d’une ville. Ainsi Avignon et ses « jolis » remparts :
« Le temps a donné à ces pierres si égales, si bien jointes, d’un si beau poli, une teinte uniforme de feuille sèche qui en augmente encore la beauté. C’est l’art d’Italie avec ses charmes, transporté tout à coup au milieu de ces Gaulois si braves, mais qui élèvent des monuments si laids. »
Les remparts d’Avignon
Si le patrimoine bâti, en effet, caractérise, par sa physionomie, une ville ou une région, c’est en grande partie par le caractère local de ses matériaux et par les techniques originales de mise en œuvre, souvent dictées par cette spécificité des matériaux.
La pierre, qu’elle soit à bâtir ou ornementale, nous semble défier le temps et témoigner de l’origine même d’un site, tant elle nous semble originale en exprimant, au fond, son substrat et sa ressource géologiques.
Mais aussi durables que soient les pierres en oeuvre, et elles ne sont pas toutes égales de ce point de vue, en fonction de leurs compositions minéralogiques ou de leur propriétés hydriques, celles-ci sont sujettes à des altérations provoquées par les transports d’eau et la cristallisation des sels, les actions répétées du gel et du dégel, le vent, la pollution atmosphérique et autres colonisations biologiques…ier le temps et témoigner de l’origine même d’un site, tant elle nous semble originale en exprimant, au fond, son substrat et sa ressource géologiques.
Exposées à diverses agressions, les pierres des monuments doivent être surveillées, entretenues, protégées, traitées, nettoyées, restaurées et, parfois, changées. Il s’agit là des différents aspects de ce que nous appelons la conservation.
Arles, colonne torse et ornements de pierre
Conservation
Après des années où les interventions visaient plutôt la restauration d’un état supposé original ou au moins antérieur des œuvres ou des monuments par des pratiques de réparation ou de remplacement, par des usages imprudents de divers produits, par des modifications irréversibles (voir à ce sujet notre article sur les doctrines de la restauration), les interventions actuelles s’attachent à modifier aussi peu que possible l’existant dans la perspective d’optimiser sa durabilité.
Ces interventions raisonnées sont permises par l’avancée des connaissances scientifique et des techniques d’investigation, mais aussi par la diversification et la spécialisation des produits mis à la disposition des curateurs. Le concept de conservation préventive vient encore permettre de limiter l’intrusion des interventions sur la pierre.
Conservation préventive La conservation préventive est une démarche globale qui recouvre l’ensemble des mesures prises afin de prolonger la vie des objets en prévenant, dans la mesure du possible, leur dégradation naturelle ou accidentelle. Cette conservation procède d’une surveillance et d’une maintenance vigilante à toute altération du matériau ou à toute dégradation de ses conditions de conservation. |
Compte tenu de la diversité des pierres, de leur environnement et des agressions qu’elles peuvent subir, un diagnostic minutieux suivant un programme précis doit donc précéder toute intervention.
Diagnostic
La caractérisation fine du matériau et le diagnostic d’une éventuelle pathologie sont menés à l’occasion d’une étude préalable. Ce diagnostic commence in situ pour se poursuivre en laboratoire à partir de prélèvements d’échantillons. Appartiennent également à la phase du diagnostic les tests de nettoyage ou de produits qui peuvent leur être prescrits.
Une fois seulement cette phase de diagnostic menée, la cause de l’altération et la nature du matériau étant connues, la stratégie d’intervention pourra être envisagée :
* arrêt de la dégradation par intervention sur les causes ou agents responsables
* application éventuelle d’un traitement de protection,
* réparation, si nécessaire, des zones dégradées.